Tombé sur cet article:
un intéressant comparatif Windows XP SP3 - Ubuntu 8.04
Cet article de Mohamed Saleh vise à comparer dans des environnements similaires les performances de Windows XP avec le SP3 et Ubuntu 8.04. Intéressant.
Il est toujours difficile de comparer les deux mondes sans rentrer dans des querelles de clocher, tant le sujet consistant à savoir lequel des deux (Windows ou Linux) affiche les meilleurs performances (pour une utilisation par un individu lambda) est souvent polémique.
L’article en question montre pourtant des résultats intéressants et leur rapport avec quelques aspects stratégiques du développement de l’OS de Microsoft et de la distribution Linux la plus répandue aujourd’hui (ou presque).
L’auteur a choisi des logiciels du monde libre qui ont été portés sur les deux plates-formes et a comparé leurs performances respectives principalement en termes de rapidité. Cette méthodologie pour incomplète qu’elle soit (elle ne prend pas en compte par exemple la consommation d’énergie, la mémoire utilisée et tout un tas d’autres coûts et de contraintes induites) permet de se faire un avis.
Les conclusions sont les suivantes :
[b]- les tests portant sur les applications “multimedia” (Blender, Avidemux, etc.) tournent assez nettement en faveur de Windows;
- Linux l’emporte dans les tests qui portent sur les I/O;
- les performances en multitâches sont également en faveur de la distribution du pingouin.[/b]
Le matériel utilisé est le même, à part un détail : le disque dur est un SATA pour Windows et un ATA pour Ubuntu (ce qui n’aurait pas dû avantager ce dernier sur les tests à fortes sollicitations du système d’entrée/sortie).
Plus avant, les dessous de ce comparatif peuvent se diviser en deux catégories interdépendantes : les caractéristiques techniques et les orientations stratégiques.
D’un côté, il semble que Linux bénéficie d’un système de fichiers (le EXT3 dans ce cas) permettant des I/O plus rapides que sur NTFS et,s pour la gestion des tâches, le mérite en revient à la meilleure gestion des ressources systèmes sur Ubuntu et tout ce qui y est porté ou développé.
D’un autre côté, il est bien connu que ce qui retient un nombre important d’utilisateurs sur Windows, ce sont les jeux. La stratégie de Microsoft qui consiste à attirer sur sa plate-forme depuis de nombreuses années tous les grands noms de cette industrie a bien fini par payer. Dans une forme de cercle “vicieux”, le monde Linux se trouve donc être le parent pauvre à la fois des utilisateurs, donc des développeurs, donc des utilisateurs, etc. Le phénomène, pour des raisons différentes, n’est pas loin d’être identique sur Mac OS X.
Notons cependant que beaucoup d’éditeurs de jeux refusent d’ouvrir le code source de leurs composants, ce qui bien entendu pose beaucoup de problèmes de licence dans le monde du logiciel libre. En raison de la complexité juridique grandissante et d’un environnement de plus en plus concurrentiel, l’avenir des jeux sur Linux reste assez indéfini à court terme.
De même, qu’en est-il des compétences des développeurs qui n’optimisent pas toujours leurs applications de la même manière pour les deux environnements ? Quelles sont les facilités offertes par Microsoft aux éditeurs de jeux ? Le monde Linux d’une certaine manière ne préfère-t-il pas se concentrer sur des aspects informatiques plus “industriels”, comme en témoignait un récent propos de Linus Thorvald ou diverses déclarations de Bob Young, là où précisément, Microsoft déploie de gigantesques efforts pour s’imposer (là où c’est techniquement possible) ? Quelles sont les priorités et aspirations des deux entités qui pilotent ces projets, sachant que l’on peut difficilement comparer une communauté de développeurs pour Linux (dont 80% rappelons-le travaillent dans des sociétés qui utilisent ou contribuent au kernel) et une multinationale comme Microsoft ?
En tout cas, le remue-ménage qui s’opère dans l’informatique mobile (ultra-portables du type eeePC ou smartphone ou encore PDA en tous genres) ouvre à Linux une grosse oppportunité de damer le pion à Microsoft qui n’ignore pas le danger sur ce segment. Mais avec un Windows XP bradé sur ces plates-formes et éprouvé par sept années de patches et révisions, et qui plus est capable de tenir la route pour le multimedia qui demeure une motif d’achat essentiel pour ces appareils, les diverses distributions Linux n’auront pas la voie couverte de pétales de rose pour s’imposer.
Dans les commentaires de l’article, pour celles et ceux qui lisent sans problème la langue de Shakespeare, vous trouverez pas mal de remarques complémentaires assez intéressantes sur ces perspectives.