Sur la liste de diffusion des FAI locaux de FDN, il y a justement eu des discussions à propos de FTTH. Là, voilà un How To qui a été fait il y a peu. Ça concerne pas nécessairement les réseaux locaux mais tu devrais pouvoir y trouver des infos :
[quote]Bonjour à tous,
En bientôt deux ans de grattage de tête sur le sujet, j’ai accumulé
beaucoup d’information, beaucoup de contacts et de références, et à
défaut d’avoir pris le temps de tout formaliser, je me suis dit que la
ML m’apporterait surement pas mal de feedback et de commentaires
constructifs pour rédiger ce HowTo
Voici donc un premier jet, susceptible d’évoluer avec vous, de ce qu’il
faut savoir pour déployer de la fibre.
Voilà en gros le plan :
-
Pourquoi
-
Plongeon technique
-
Aspects réglementaires
-
L’outillage et les fournitures
-
Le matos actif
-
Le génie civil
-
pourquoi
Pourquoi donc être son propre FAI ? Pourquoi déployer de la fibre ? Quel
intérêt, franchement ?
Pas mal de questions qu’on me pose, surtout de la part de personnes
présumant que c’est abondamment complexe et inabordable. Reprenons donc :
- Pourquoi donc être son propre FAI ?
Pour plusieurs bonnes raisons, dont certaines qui ont motivé par exemple
French Data Network depuis 1992 :
- Par souci d’indépendance
- Pour faire ce que les “gros” ne font pas (neutralité, IPv6, FTTH chez
vous…)
- Pour en vivre (ben oui, ça peut être associatif, mais ça peut aussi
être un business)
- Pour le défi technique et humain que ça représente
- Pourquoi déployer de la fibre ?
Les “gros” du marché ont une vision industrielle du déploiement
d’infrastructure, orientée par des logiques de rentabilité, qui rendent
les zones peu denses voir rurales peu attractives. Les industriels ne
peuvent structurellement pas s’adapter à des cas particuliers, seuls des
petites structures agiles et locales (ou sectorielles, comme par exemple
ciblant une clientèle particulière) peuvent le faire.
On sait tous plus ou moins que le FTTH est une réalité, une nécessité,
qu’en tout cas, ça permet tellement de choses qu’on finira bien tous par
y passer. Mais pourquoi donc attendre 25 ans que les industriels soient
contraints à s’intéresser à votre bled ?
Alors autant le faire nous même, on gagnera du temps.
- Pourquoi de nouveaux opérateurs ?
Internet, c’est avant tout l’interconnexion de nombreux réseaux. Chaque
opérateur a un son propre réseau indépendant, dénommé “Autonomous
System”, et identifié par un “Autonomous System Number”. C’est la
densité du maillage entre les réseaux des opérateurs qui fait la
robustesse d’Internet.
Autrement dit, plus il y a de réseaux, plus il y a d’interconnexion,
plus on renforce la solidité et la pérennité d’Internet.
Sur le marché français, 95% du trafic d’accès s’écoule sur seulement 5
réseaux (3215 - Orange, 15557 - SFR, 12322 - Free, 21502 - Numericable,
5410 - Bouygues ). Qu’un seul de ceux là tombe en panne (un vieux bug
dans un firware de routeur, comme il y a quelques mois, par exemple), et
c’est 10 à 40% de la France qui est dans le noir.
Plus de réseaux, c’est plus de diversité donc plus de robustesse. “Petit
réseau, petits problèmes” comme on dit.
- Mais ça doit être compliqué ?
Pas tant que ça. Ce n’est pas à la porté d’un débutant, mais tout le
monde peut contribuer, car le montage d’un réseau fait appel à de très
nombreuses compétences. De la configuration d’un routeur aux
tracasseries administratives, en passant par le génie civil et la
soudure des fibres, finalement, il y a de la place pour tout le monde.
Une bonne équipe comprendra en général un administrateur réseau, un
administrateur système, un webmaster, un bricoleur et au moins un
non-informaticien pour la partie administrative et la promotion du réseau.
- Et la télé, le téléphone, la VOD… ?
On va y aller étape par étape. La régulation est très permissive au
niveau IP, moins concernant la télédiffusion ou le téléphone, quant aux
plateforme de distribution de contenu à la demande, ben… C’est quoi le
rapport avec un FAI ?
En gros : faire du téléphone, c’est faisable, on fait bien du téléphone
privé avec du logiciel libre, on peut le faire sur un réseau de FAI.
Faire de la télé, c’est compliqué à cause du CSA, mais ça peut se
limiter à un service d’antenne collective plutôt que de la TV sur IP, ce
qui est plus simple déjà. On y reviendra avec le volet technique.
- Pourquoi fibre et pas ADSL, VDSL et WiFi ?
La fibre n’est qu’un support, elle n’impose pas que le réseau n’offre
que des accès par fibre. On peut mixer les technologies, mais ça n’a pas
forcement de sens, économiquement ou techniquement. Prenons les technos
au cas par cas :
- l’ADSL impose d’utiliser les lignes de cuivre de France Télécom, et au
choix, des DSLAM propriété de l’opérateur qui doivent être installés
dans les centraux téléphoniques et raccordés au reste du monde en fibre,
ou bien de la “collecte”, c’est à dire de la location de ligne ADSL
produite par un autre opérateur. Dans tous les cas, ça impose de payer
le cuivre et/ou le port de DSLAM à France Telecom, et ça ne marchera pas
mieux qu’un autre opérateur ADSL parce que la ligne fera la même longueur.
C’est toutefois possible, et plutôt facile en faisant de la collecte
(comme FDN, qui achète de la collecte à Nerim, qui lui même l’achète à
SFR et FT). Ca peut aussi se faire avec un réseau d’initiative publique
(comme une DSP), comme par exemple Somme Numérique dans le département
éponyme, qui propose de la collecte aux opérateurs présents à Amiens.
On pourrait aussi poser du câble en cuivre, mais le cuivre est cher, et
les DSLAM ne sont pas donnés non plus. Comptez au moins 50€ par port.
- Le VDSL fonctionne à peu près comme l’ADSL, mais on a pas le droit de
l’utiliser sur des lignes téléphoniques a cause des perturbations
causées. Il faut donc poser du câble indépendant.
Mais quitte à poser du câble, autant poser de la fibre…
-
Le WiFi apporte une réponse rapide dans des zones très étendues et peu
denses. Mais c’est un système relativement peu fiable et surtout dont la
bande passante est partagée entre les utilisateurs d’un même point
d’accès. Il est un excellent complément à la fibre optique en zone
rurale, et les équipements de référence en la matière sont ceux
d’Ubiquity Networks (ubnt.com), relativement peu couteux et très
performants, surtout dans la bande libre (ISM) de 5 à 5,8GHz, bien moins
saturée que la 2,4GHz en France.
-
Le WiMax, le satellite, et d’autres technos plus ou moins allambiquées
proposées par certains opérateurs sont horriblement coûteuses aussi bien
à la mise en place qu’à l’exploitation, pour des performances trop peu
intéressantes pour être intéressantes pour un petit opérateur.
Conclusion : faire de la collecte ADSL et de la distribution en WiFi en
plus de la fibre, c’est faisable sans gros surcout et c’est bien
complémentaire. Mais je ne m’intéresse ici qu’à l’approche FTTH.
- plongeon technique
On ne va couvrir ici que ce qui concerne la boucle locale (partie située
entre le coeur de réseau et l’abonné), pas la mise en place d’un coeur
de réseau, qui est à peu près identique quelque soit la technologie
employée.
a) principe
La fibre optique est un fil en silices dopées qui conduit la lumière
avec une très faible atténuation et très peu de distorsion. Il en existe
plusieurs types, celle utilisée dans les applications FTTH est de la
fibre monomode, c’est à dire de 9µm de diamètre, dotée d’une gaine de
125µm et parfois d’une surgaine de 250 à 900µm.
La fibre transporte donc des informations sous forme de modulation
lumineuse, tout comme le cuivre véhicule un signal électrique. Ca
apporte plusieurs avantages :
- Le signal ne se perds pas en radiations eletromagnétiques
- Une fibre est diélectrique et insensible aux radio-émissions des
câbles voisins (pas de diaphonie)
- L’atténuation est très faible sur les longueur d’onde couramment
utilisées, de l’ordre de 0,2 à 0,4dB/km, ce qui permet de porter à des
distances bien supérieures au cuivre, courament 20km.
- Les fibres sont très fines : un câble dense de 8mm de diamètre peut
contenir 144 fibres, un câble de 25mm peut en contenir 864.
Enfin, on ne connait pas encore la limite de débit qui peut être
transmis sur une fibre. Cette limite est fonction des optiques, pas de
la fibre en elle même, et les fibres les plus basiques (G.652D) peuvent
déjà véhiculer plusieurs Tbps sur des dizaines voir centaines de km.
En pratique, on allume généralement des optiques de 155Mbps, 1,25Gbps,
2,5Gbps ou 10Gbps par longueur d’onde, et on peut multiplexer plusieurs
longueur d’ondes dans la même fibre (16 en CWDM - pas cher - et jusqu’à
320 en DWDM). C’est de cette façon qu’on peut facilement faire passer
l’upload et le download sur la même fibre jusqu’à l’abonné : chaque
canal est sur une longueur d’onde distincte.
b) Les câbles et leur passage
Il existe des tas de sortes de câbles différents. Les principaux
fabricants dont les produits sont disponibles en France sont, par
exemple Acôme, Silec, Draka, Lucent, Corning, Pirelli. Personnellement
je bosse avec du Acôme et du Silec, français tous les deux.
Les câbles peuvent avoir différentes structures, épaisseurs, renforts et
matériaux, pour des contenances (en nombre de fibres) allant
généralement de 1 à 864. Les contenances intermédiaires sont
généralement des multiples de 12 (taille du code couleur de repérage)
En vrac :
Les structures : unitubulaire / tube central, multitubulaires,
micro-gaines, serrées ou libres
Les gaines : PE/PEHD (polyéthylène, pour usage extérieur), LSOH LSZH ou
ISH pour usage intérieur
Les renforts : sans, avec tiges extérieures, âme intérieure ou méplats
(généralement fibres de verre ou d’aramide), feuillard ou filins tressés
en acier
Les matériaux d’étanchéité (pour éviter les infiltrations) : gels
organiques, gels aqueux, feuillards tissés gonflants
Les fibres : généralement G652D ou G567A, la première est 50% moins
cher, la seconde a un rayon de courbure beaucoup plus faible (2cm contre
5cm environ). On utilise généralement la G652D partout SAUF chez
l’abonné. Les deux sont compatibles : on peut les souder entre elles.
Quelques produits typiques :
- Le câble d’abonné de 2,5 à 4mm de diametre, G657A, gaine LSOH couleur
ivoire, avec deux fibres, pèse 8 à 12kg/km et coûte environ 400€/km
- Un câble aérien de 12 fibres fait 6mm de diamètre, pèse 25kg/km et
coûte dans les 600€/km
- Un cable de colone montante, 144 fibres en gaine LSOH, structure libre
en microgaine, fait 8 à 12mm de diamètre, pèse 100kg/km et coute 2200€/km
- Un câble de transport souterrain de 864 fibres en gaine PE fait 25mm
de diametre pour 420kg/km et environ 20k€/km
Ces prix on tendance à remonter faiblement à cause de la forte hausse de
demande de ces deux dernières années. On trouve assez facilement des
vieux stocks bradés ou en liquidation, mais attention à ne pas acheter
des fibres d’occasion aillant plus de 10 ans sans les avoir vérifiées 
On choisi un câble en fonction de l’endroit auquel il est destiné. Par
exemple, un passage en tunnel (métro typiquement) impose une gaine LSOH
et des renforts rigides, un câble en pleine terre devra être très
résistant à l’écrasement, un câble aérien devra être léger et
auto-portant sur 40m minimum.
La plupart des déploiements se font en conduites, ou fourreaux, qui sont
des tubes PVC ou PEHD enterrés raccordant des chambres en béton, elles
même fermées par des tampons en fonte qui pavent les routes et trottoirs
de nos villes et villages.
La plupart des fourreaux et chambres existantes en France sont utilisées
et gérées par France Télécom. Leur propriété est parfois litigieuse,
mais il est généralement possible de passer dedans en louant à FT un
droit de passage.
L’entrée dans un bâtiment peut se faire par un fourreau souterrain ou
par un percement en façade, dans quel cas un fourreau sort de la chambre
vers le trottoir et le câble remonte soit le long d’une façade, soit le
long d’un poteau. On peut tout à fait utiliser des câbles de fibre
optiques dans ces conditions.
Les règlements d’urbanisme locaux précisent généralement les modes de
pose à privilégier, mais lorsque c’est possible, le passage en conduites
existantes est toujours à privilégier.
L’installation d’un câble dans une conduite se fait dans le respect des
règles imposées par le propriétaire des conduites empruntées. Ces règles
sont assez complexes, je n’entrerai pas dans le détail. Il est important
à noter que sur de faibles distances, on privilégie souvent le tirage du
câble (qui doit être prévu en conséquence, certains câbles ne sont pas
assez résistants), alors que dans d’autres cas et pour des longueurs
excédant 150m, on procède plutôt à la pose par “portage à l’air”, qui
consiste à créer un courant d’air dans la conduite et à y pousser le
câble avec un système d’entrainement pneumatique.
A titre informel, une aiguille de tirage de 200m coute environ 600€, un
système complet de portage à l’air (avec le compresseur de chantier)
revient à entre 10 et 20k€, mais quelques astuces permettent de s’en
passer pour des longueurs allant jusqu’à 300m (cas du génie civil de
France Telecom)
c) Raccordement des câbles
Les fibres s’assemblent entre elles par soudure, épissurage mécanique ou
connectorisation.
La soudure, ou fusion, se fait au moyen d’un appareil assez cher (5 à
12k€) qui va aligner les fibres avec des moteurs ultra précis et des
microscopes, puis les fusionner au moyen d’un arc électrique.
L’opération prends environ 10 à 30 secondes par soudure, mais la
préparation de la fibre (clivage, c’est à dire préparation de
l’extrémité) demande pas mal de précision. Un bon soudeur peut faire 144
fibres en une journée. Des équipes bien organisées peuvent réussir à
faire un 864 en moins de deux jours, à trois personnes. Mais vos
premiers câbles de 12 vous prendront au moins une demi journée, ça vient
à force d’entrainement.
L’épissurage mécanique, principalement avec les systèmes Tyco et 3M,
sont moins résistants dans la durée, pas beaucoup plus rapides à mettre
en oeuvre, mais ne requièrent qu’un équipement à 2k€. On les utilise
plutôt pour du câblage intérieur (réseau local) sur fibre multimode,
mais certains se sont essayé à l’utiliser pour du FTTH (chez Orange
notamment). Ils sont revenus à la fusion depuis.
Enfin, la connectorisation consiste à terminer la fibre avec un
connecteur qui peut être couplé simplement, sans outillage, à un autre
connecteur. Il en existe de multiples sortes. Les plus courants sont les
SC et LC, on trouve encore des ST, FC, MRTJ, VF45…
Un connecteur peut se poser de trois façons :
- Par sertissage mécanique
- Par collage sur la gaine de la fibre
- Par fusion sur un pigtail (amorce de fibre déjà connectorisée).
On utilisera donc plus souvent la fusion sur la desserte souterraine, et
la connectorisation par fusion et pigtails dans les boitiers de façade
ou de poteau.
Les connecteurs ont généralement deux variantes : PC (ou UPC) et APC.
Les deux types ne sont pas compatibles. L’APC est légèrement plus cher
parce que plus complexe mais offre une moindre perte d’insertion car la
surface de la fibre est coupée avec un angle d’environ 7° qui favorise
le couplage avec le connecteur opposé. Un connecteur UPC opposé à un APC
laissera un peu d’air entre les deux fibres, et donc une fuite de
lumière qui peut provoquer une forte déperdition du signal voir un
éblouissement de l’optique (en général, ça les fait cramer).
Voilà pour le début du premier jet, merci d’avance pour tout feedback ou
contribution, d’ici à ce que je balance ça sur le wiki FDN.
– Jérôme Nicolle [/quote]
Et un second volet qui je pense te concerne moins mais bon, c’est intéressant aussi :
[quote]Re,
Je casse un peu le plan pour un volet sur le travail en domaine public
routier.
Comme certains d’entre vous ont l’air de vouloir regarder à quoi
ressemblent ces fameuses chambres de tirage, voilà les précautions
d’usage.
Petit rappel cependant :
- Vous n’avez pas le droit d’intervenir dans un ouvrage sans
l’autorisation de son propriétaire ou concessionnaire
- Mais comme personne ne sait comment ça marche, si on vous pose la
question, faites vous passer pour un sous traitant de FT ou un titulaire
de convention de location de génie civil, d’ici à ce que vous ayiez
vraiment la convention
L’intérêt tout particulier qu’on a pour les chambres France Telecom est
du à deux choses :
- Depuis le 27 septembre 2010, FT commercialise des offres d’accès qui
nous sont accessibles : les couts sont modérés et tout opérateur déclaré
est éligible. Ce sont les conventions FTTx et RCA (raccordement de
client d’affaires)
- Les réseaux construits avec de l’argent public après 1996 sont en
réalité toujours dans le domaine public, malgré ce que FT peut en dire.
En clair : dans un patelin qui a enfoui les réseaux il y a moins de 15
ans, c’est la mairie qui peut vous donner des autorisations
d’intervention et de passage, même si les infras sont estampillées
france telecom.
Passons au HowTo
La tenue d’intervention et le Domaine Public Routier
Le déploiement de réseau optique suppose qu’on intervienne sur le
domaine public routier. Un équipement approprié est de rigueur, et
quelques règles de sécurité sont à respecter.
Tout d’abord, l’intervention sur le domaine public est normalement
soumise à arrêté de circulation, à demander aux autorités compétentes
(mairies, DDE…). C’est surtout vrai quand on doit interrompre la
circulation ou la modifier (cas des chambres situées sur la chaussée).
En pratique, personne ne le fait pour les petites interventions. Pas
même FT. Le prétexte d’intervention d’urgence suffit à s’entendre avec
les forces de l’ordre en cas de question.
On se doit cependant de respecter :
- Les normes de sécurité en vigueur (vêtements à haute visibilité,
signalisation)
- Les règlements de voirie
- Les règles d’ingénierie imposée par le concessionnaire du réseau
visité
En gros :
- On intervient JAMAIS seul, il faut toujours au moins deux personnes
- Il faut porter au moins un gilet jaune homologué classe 2, mais en cas
de pluie ou brouillard, voir de nuit, de préférence une tenue complète
homologuée classe 3 (en gros, un kway jaune fluo avec un sur-pantalon de
la même couleur)
- Il faut pre-signaliser le chantier, normalement 50m à l’avance en
agglomération, 150m hors agglomération, par un panneau triangulaire posé
au sol.
- Lorsqu’on laisse une chambre ouverte, même quelques minutes, il faut
l’entourer de barrières (ou garde-fous)
- Dans le pire des cas, il faut au moins avoir quelques cônes de
signalisation sous la main. En pratique, il m’en a rarement fallu plus
de 6 en même temps.
- Toujours avoir une trousse de premiers secours dans le véhicule, un
extincteur (bientôt obligatoire) peut aussi être utile, mais prenez en
un qui marche sur les feux électriques et pas que sur les carburants.
Les gaines des câbles sont combustibles…
Pour la tenue, quelques précautions supplémentaires :
- Jamais de short ou t-shirt si vous travaillez proche d’un réseau
téléphonique ou électrique. Bon, le t-shirt passe encore. Tout
simplement parce que si un câble est mis à nu, c’est au moins 48v dans
une paire analogique, 96v dans du numeris, 220 à 4KV dans l’éclairage
public, etc…
- Au niveau chaussures, semelle en caoutchouc obligatoire, les bottes
sont parfois pratiques (chambres pleines d’eau ou de boue). Les
chaussures de sécurité cockées peuvent sauver vos orteilles d’une chute
de tampon.
- Toujours utiliser des gants quand on manipule les tampons. J’ai une
préférence pour des gants textile enduits de caoutchouc, ils sont
isolants et tiennent plutôt bien. Prenez les à votre taille, des gants
trop grands seront dangereux.
- Une lampe frontale doit faire partie du kit de base. Évitez les
modèles de base à LED, trop peu puissantes. Qui dit lampe dit piles de
rechange.
Pour la shopping list de l’outillage, on résume :
- Marteau à plaque : 110€ pièce chez Telenco ou Eurotechnocom
- Crochets à plaque : 50€ chez Tetradis ou Telenco
- Cure-pied, au rayon hippique chez décathlon, moins d’un euro pièce
- Pioche, pied de biche, masse, burrin, une trentaine d’euro dans toute
boutique de bricolage
- Gilets jaunes : 2€ chez norauto ou autre équipementier, ou chez
Telenco
- Combi haute visibilité : à partir de 30€ chez telenco
- Aiguille de tirage : environ 300€ pour une 150m 9mm chez Tetradis ou
Telenco
- Pince coupante, colliers “colson” de serrage, lampe frontale, coins en
bois (à coincer sous les tampons)
- Garde fous et cônes de signalisation : respectivement dans la centaine
d’euros et à partir de 10€ chez Telenco ou Eurotechnocom
Vous pouvez commencer avec moins, mais les marteaux ou les crochets sont
indispensables, et le kit complet vous fera gagner beaucoup de temps.
Le travail en chambres
Chaque concessionnaire de réseau a ses propres règles d’ingénierie. Si
vous travaillez dans un réseau emprunté par FT, même s’ils n’en sont pas
concessionnaires légitimes, vous devez être particulièrement vigilants
car ils sont particulièrement retords.
Notez, les bonnes pratiques sont aussi là pour vous faire gagner du
temps et épargner votre dos et vos doigts.
- Ouvrir une chambre
En gros, quatre cas de figure :
- Les vielles chambres avec tampons en béton
- Les chambres “classiques” avec tampons acier ou fonte disposant
d’encoches
- Les chambres sécurisées
- Les cas spécifiques
a) les tampons béton
Rarement percés, on a à première vue pas de moyen de les accrocher. En
général, le cadre acier a des encoches de 3 à 5cm sur les bords courts.
C’est tout juste suffisant pour y glisser un pied de biche ou (ma
préférence) une pioche.
S’il n’y a pas d’encoche, et pas moyen de les lever à la pioche ou au
pied de biche, alors il va falloir percer. Soit à la masse et au burin,
mais ça fait des dégâts, soit au perforateur portatif avec un foret SDS
de 8mm, juste suffisant pour passer une cheville fendue à matériaux
pleins, qu’on vissera juste assez pour faire une retenue.
Faites de préférence deux trous près des bords, le risque de fissurer le
tampon sera plus faible et sa levée plus facile.
Éventuellement, prévoyez des chevilles longues fixées sur une plaque de
bois que vous garderez solidaire, et placez des anneaux plutôt que des
vis, afin d’y accrocher plus facilement une élingue ou de les prendre au
crochet à plaque.
b) Les tampons usuels
Ceux là sont conçus pour être faciles à lever. Il en existe de plusieurs
type (fonction de leur charge de résistance, les 400kn sont sur la
chaussée, les 125kn sur les trottoirs):
- Les 125kn acier : surface galvanisée, ce sont les plus légers, ils ont
les encoches à marteau soit au milieu des bords courts, soit aux quatre
coins.
- Les 125kn fonte : souvent monoblocs, les encoches sont placées comme
sur les tampons acier.
- Les 400kn fonte : il y en a trois sous types : les monoblocs, les
rectangulaires étroits et les tampons articulés.
Dans tous les cas, prévoyez une paire de cure-pieds hippiques dans votre
caisse à outil, ils sont parfaits pour le nettoyage des encoches avant
d’y placer la tête du marteau à plaque.
R.A.S. sur les monoblocs, juste, ils sont lourds. Comme ils se bloquent
facilement, prévoyez une masse pour le désolidariser du cadre avant de
vous abimer le dos a essayer de le soulever.
Les rectangulaires étroits sont généralement munis d’encoches mais aussi
de fentes dans le cadre, tout juste adaptées pour y loger le bec fin du
marteau à plaques. L’effort de désolidarisation passe par là, puis le
levage se fait par les encoches
Enfin les plaques articulées sont fendues en diagonale et (parfois)
attachées entre elles. Mais pas toujours. Commencez donc par prendre un
des cotés, et si le deuxième bouge avec, placez vous en symétrie par
rapport à la séparation entre les deux morceaux du tampon. Attention,
elles sont plus difficiles à remettre en place. Ne cherchez pas à les
aligner parfaitement avec le cadre : finissez les à la masse.
c) Les tampons sécurisés
Certaines chambres “stratégiques” sont verrouillées pour limiter les
ouvertures intempestives. Et la pollution.
Pour l’anecdote, il est courant de retrouver, dans les parcs d’activité
ou à proximité de collèges et lycées, des bouteilles d’alcool ou sacs
d’herbages divers et variés dans les chambres non sécurisées. Comme ces
ouvertures sont faites par des amateurs, il y a un fort risque que les
tampons finissent un jour par rencontrer violemment votre fibre au fond
de la chambre. Pensez à bien la sur-gainer si vous trouvez des
bouteilles à la première ouverture de la chambre.
Donc, certains opérateurs posent des tampons sécurisés. Il y en a
plusieurs types :
- Les vis simples : tête héxa ou carrées, parfois CHC, un kit de
douilles, un manche long et un marteau suffisent à les ouvrir
- Les vis à têtes spéciales : têtes cylindriques à une, deux ou trois
fentes : il faut des clefs particulières, ou un peu de patience et des
pinces étaux. Je cherche toujours un fournisseur pour ces clefs là.
- Les clefs codées plates : système exclusif de Norinco, très utilisé
par LDCom/9/Cegetel/SFR, elles ont une clef universelle : la meuleuse.
- Les systèmes pneumatiques : un boitier de verrouillage se trouve à
coté de la chambre, avec une prise pour y souffler 20 bars avec un
compresseur de chantier pour déverrouiller la chambre. Comme ces
systèmes se grippent tout le temps, je n’ai pas l’impression qu’ils
soient très répandus. Je n’en ai jamais vu.
d) les cas spécifiques
Il y a des cas ou l’ouverture n’est pas aussi simple qu’un HowTo. Il
faut parfois improviser. Parmi les cas spécifiques :
- “Je trouve pas la chambre qui est sur le plan” -> elle est sous une
couche d’enrobé ou de boue. Sors le détecteur de métaux et la pioche.
- “Elle n’est pas vérouillée mais refuse de bouger” -> tape dessus plus
fort avec la masse
- “Le tampon est vraiment trop lourd” -> Il existe des lèves plaques à
roulettes, très pratiques, mais qui valent plus de 1k€.
- Une fois dans la chambre
En phase de repérage, le plus important à noter est la liste des
fourreaux et leur taux d’occupation.
Un lot de fourreaux groupés sur une paroi de chambre s’appelle un
masque. Il y a les masques d’axe, situés sur les bords courts de la
chambre, et les masques de pieds droits, situés en traverse des bords
longs.
D’après la nomenclature FT, chaque masque est désigné par une lettre, A
et B étant réservés pour les masques d’axe (A situé vers le transport
amont, dans une logique de hiérarchie depuis le NRA, ils sont bien
embêtés pour les boucles). Puis on tourne dans le sens des aiguilles
d’une montre pour assigner les lettres aux masques suivants.
Sur chaque masque, on est sensé avoir une grille à peu près rectiligne.
On numérote les fourreaux en partant en haut à gauche et en finissant en
bas à droite.
La bonne notation pour un fourreau est :
- Chambre de départ
- Position dans la chambre de départ (le masque, qui ne peut pas être A,
et le numéro dans la grille)
- Calibre (diamètre interne)
- Chambre d’arrivée
- Position dans la chambre d’arrivée (le masque, logiquement A, et le
numéro)
Les métadonnées optionelles sont :
- Longueur du fourreau (à défaut, distance loxodromique ou orthodromique
entre les chambres + 5%)
- Liste des câbles présents (diamètre, sérigraphie, cuivre/fibre,
propriétaire) -> on en obtient le taux d’occupation
- Sous-tubes éventuels (et pour chaque sous-tube, le ou les câbles
présents)
Je vois déjà les programmeurs qui affutent leur modèle de base de
données…
FT fourni dans ses documentations un modèle de fiche d’information de
chambre. Lorsqu’ils disposent de ces informations, ils les fournissent
sous format PDF ou papier, une fiche A4 par chambre.
Si vous achetez ces documents, vous devez contrôler l’exactitude des
informations, et en théorie notifier toute erreur avant de procéder à
une commande d’accès.
Voilà, la fiche de chambre est complète et/ou vérifiée, maintenant on
peut commencer à travailler dedans.
- Les bonnes pratiques en chambres
Regle n°1 : ne jamais marcher sur un câble. Ni y exercer la moindre
contrainte mécanique.
Regle n°2 : ne jamais couper un câble, même s’il n’est pas sur la fiche
de la chambre.
Regle n°3 : si vous détachez un boitier d’épissure ou un love de câble,
pensez à le raccrocher à l’identique.
Regle n°4 : n’ouvrez jamais un boitier d’épissure pas à vous. Certains
doivent être remis sous pression après ouverture, et c’est pas toujours
simple.
Retirez toujours tous les tampons, ça augmentera la visibilité et la
luminosité.
Ne posez pas d’outillage dans la chambre, aménagez une petite bâche à
coté ou sur les tampons déposés pour y placer les outils.
Tant que ce n’est pas indispensable, ne descendez pas l’enrouleur de
l’aiguille de tirage dans la chambre, si l’aiguille se déroule trop
vite, ça peut abimer un câble.
Dans le cas des chambres innondées, n’intervenez pas avant d’avoir
pompé. Le risque est trop grand de ne pas voir ou vous mettez les pieds.
Une simple pompe de relevage ou de cave branchée sur un petit groupe
électrogène suffit. Il en existe aussi en 12v, prévues pour les cales de
bateaux de plaisance, mais elles ont souvent un débit très faible.
Attention à bien prendre une pompe pour eau sale
Voilà, encore une fois c’est un “work in progress”, mais ça résume assez
bien les apprentissages de terrain. Bonne exploration 
Prochain épisode encore indéterminé. Je vais essayer de trouver des
photos de tous les types de chambres et des outils.
@+
– Jérôme Nicolle [/quote]
Un grand merci à l’auteur !
— Fred —