Beau début d’après-midi, ensoleillé après une matinée pluvieuse, le printemps achève d’envahir le sud-ouest.
Après quelques achats de bouquin, nous descendons une rue, sinon principale, du moins fréquentée. Les sollicitations trop insistantes d’un militant UNICEF planqué derrière ses RayBan n’ont pas raison de notre sourire. Quelques dizaines de mètres plus tard, Bach s’invite dans nos tympans. Deux violonistes, la cinquantaine, jouent au bord du trottoir, un étui ouvert devant eux. Nous leur posons un sou, échange de sourires. Nous finissons par continuer notre route. Je vois arriver un véhicule sérigraphié de la Police Nationale, et je grimace, anticipant la fin de la magie de cet après midi. Je me retourne, c’est bien pour les violonistes.
Arrêt du véhicule, sortie de trois gardiens de la Paix. Discussion calme, puis contrôle d’identité. J’hésite à intervenir, je risquerais d’envenimer la situation mais j’ai un goût amer qui me remonte dans la gorge. Les musiciens plient bagages, la police s’en va sans inquiéter les armées de l’UNICEF, que nous croiserons de toutes façons plus loin.
L’après-midi est presque gâchée. Après vérification, la mendicité n’est en effet pas un délit en France, mais une répression peut être mise en place sous les pouvoirs de police administrative du maire, a priori ce n’est pas le cas ici.
Le maire, par contre, a fait poser des arceaux sur les bancs afin d’empêcher les SDF de s’allonger (suivant le précepte qu’un SDF qui dort est plus gênant qu’un SDF éveillé). Ce même maire qui est membre du Parti Socialiste.
On vit une époque formidable!