C’est un bel idéal, en tout cas. 
Le seul souci, c’est que cette philosophie se fonde surtout sur la bonne volonté de tous et le désir commun de construire. Oh, ça ne serait pas un problème à mes yeux, mais je crains malheureusement qu’un grand nombre de personnes dans le monde soient moins passionnées par ce genre de coopération pacifique et constructive que par la satisfaction et l’assouvissement de leurs propres intérêts, de manière même très immédiate, cela au mépris du bien commun.
Cela a causé la chute de l’Ancien Régime, de certaines démocraties, de certains régimes communistes aussi. L’individualisme trouve toujours à s’épanouir, dans tous les modèles de société que nous avons connus jusqu’ici.
Un peu comme ce qui est arrivé au cours de la révolution française qui, au départ, prônait l’égalité, le hasard de naissance et les droits équivalents pour tous, etc.
Les compétences naturelles, pour les philosophes des Lumières, devaient même révéler un peu ce que chacun pourrait apporter à la société. Ce que Marx n’a pas dénigré non plus, comme conception de participation individuelle au bien de tous.
Les idées de départ sont souvent bonnes, logiques, séduisantes et, mieux encore, aisées à mettre en pratique… par des gens qui ne sont ni avides, ni agressifs, ni xénophobes, ni égoïstes… Et encore pas mal d’autres “ni”.
Ce qui manque, c’est un dénominateur commun à tout un groupe humain.
La peur, l’angoisse, la révolte, sont sûrement à l’heure actuelle des facteurs à ne pas négliger, susceptibles même de lancer une forme de “dynamisme” populaire, pouvant autant générer un renversement positif de certaines “mauvaises valeurs” qu’un ras-de-marée informe et destructeur.
Mais je pense que tout mouvement qui se fonde sur ce genre d’émotions ne porte pas longtemps de beaux fruits. Car une fois les premières “nécessités” (voire seulement les premiers désirs) individuel(le)s acquises, les esprits se tempèrent, s’apaisent, s’endorment. Et la concession commence, avec le laxisme et la fermeture des yeux sur de plus en plus de choses.
Enfin, c’est une impression, liée peut-être à un bon paquet de déceptions politico-philosophiques, qui m’ont comme saupoudrée d’un scepticisme farouche et laissée vide de toute espérance dans le domaine.
Cela dit, toutes les grandes idées constructives et positives continuent tout de même à m’émouvoir, et encore d’avantage ceux qui les fécondent et tentent, autant qu’ils peuvent, de les mettre en pratique.
C’est ce qui m’a touchée dans ton message, Ghrim. 
