Pourquoi certains «progrès» à tout prix?

Plus je viellis, plus je deviens «conservateur», tout au moins nostalgique.
Il semble que la progression soit de plus dans l’esprit des «qualiticiens» (qualiticiens-fous est la désignation populaire!) que dans celui des ergonomes.

À propos du constat que les claviers clevos n’offrent pas tous les mêmes fonctions du clavier (mise en veille, extinction du clavier), je me suis laissé une fois de plus à me désespérer du «progrès» de l’humanité, parfois tristement plus régressif que progressif.

Je le constate dans l’évolution du poste de pilotage des Toyota, dans le passage ancien de gthumb vers la fragmentation des écrans et la multiplication des icônes, et la disparition dans Bookworm du clavier français idéal qui eexistait encore sous Bullseye et bien d’autres «petits» changements plus tape-à-l’oeil (avec oe !) qu’efficace, bref de plus en plus subrepticement, certainement sans mauvaise intention, mais noyé dans l’abondance et la pression du progrès qui cache de plus en plus mal le dogme de la croissance et de la rivalité, concurrence qui nous est imposée à faire un maximum de perdants, chiffrable au pourcentage des handicapés reconnus, de plus en plus nombreux (les handicapés mentaux ou psychiques principalement !), de délinquants en échec (ceux que les juges envoient de plus en plus nombreux en prison, jamais suffisantes)
Bref mon pessimisme râleur s’aggrave en constatant que ce mouvement atteint aussi le meilleur du monde numérique et de la liberté…

Et je n’évoque ici que des détails techniques.

en 65 ans (j’en ai bientôt 76), j’ai vu finir un monde ancien.

Michel Serre` parvenait à rester optimiste tout en constatant mieux que moi, l’impressionnante perte des meilleurs acquis de l’humanité. Il me manque. Il va me falloir reprendre sa lecture !

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résiste, rencontre d’autres linuxiens, manifeste avec des jeunes , fais de la plongée sous-marine

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Au lieu de progrès je dirais évolution.

Hello.
@josephtux tu as presque l’âge qu’aurait mon père, et je pense qu’il se rangerait à ton avis.
Je me souviens encore de sa « joie » d’avoir un Mac SE 30 dans les années 80 :smiley: , et de ses dépits répétés devant l’ineptie de certaines pseudo-évolutions.
À côté de ça, @antek, je trouve également qu’évolution est connoté aussi positivement, et à tort, que progrès.
Il y a très nettement une perte de ‹ quelque chose ›. Dans le domaine de la culture, mais évidemment aussi dans ses outils d’acquisition (lecture, écriture, calcul)… On est vraiment en évolution négative : une régression. 43% des collégiens sont illettrés, aux dernières nouvelles…
J’ai pu le constater :frowning: Et la faute en revient à l’abandon de l’exigence de maîtrise des outils de base.
Les conséquences technologiques de cette perte d’outils ? Des bataillons de personnes en manque de fondamentaux (algorithmique, par exemple) qui se retrouvent à assembler des bouts de code, ou de librairies, sans les comprendre, et se pensant développeuses.
Et certains ingénieurs ? Les cas les plus pathologiques sont ceux qui appliquent à un problème B les solutions toutes faites prévues pour un problème A… en n’ayant évidemment ni testé, ni prouvé, l’équivalence des 2 problèmes…
J’en vois malheureusement tous les jours.
Mais, cher @josephtux, je réussis à rester un tant soit peu optimiste : rien n’est jamais complètement perdu.
Et je plussoie largement le projet de rouvrir des livres.
Bon week-end à tous.
PS : mince alors… moi aussi je me mets à râler de désespoir… :sweat_smile:

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Library→bibliothèque.
Bookshop→librairie.

Un polytechnicien suit un cours de cuisine. Il note consciencieusement comment faire un œuf dur :

  • Décrocher la casserole du crochet,
  • remplir une casserole d’eau,
  • allumer la plaque chauffante,
  • porter l’eau à ébullition,
  • mettre l’œuf et
  • au bout de 10 minutes jeter l’eau.

Vient la mise en application. On lui tend une casserole remplie d’eau pour qu’il la fasse chauffer :

  • Il jette l’eau,
  • raccroche la casserole et
  • explique qu’il se ramène au cas précédent.
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J’avoue que j’utilise souvent presqu’indistinctement librairie et bibliothèque…
À l’aspect financier près (j’achète rarement dans une bibliothèque), le reste me semble plus une histoire de traduction.
Et sinon, pour l’œuf dur… J’avais sûrement déjà lu un truc semblable, mais c’est exactement ça :rofl:
[EDIT] je note toutefois, qu’il n’a pas vérifié la présence d’un crochet… :yum:

On achète pas dans une bibliothèque, on emprunte. C’est dans une librairie qu’on achète un ,livre :slight_smile:

Le monde ancien en question n’est en réalité pas fini. Il perdure, et pour un certain nombres de points, il perdure malheureusement après une génération et demi qui a tout bousillé au passage, celle de nos pères et partiellement la notre (j’ai 58 ans).

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C’est très exactement ce que je sous-entendais… :wink: J’abuse peut-être de la litote, allons savoir :stuck_out_tongue:

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La génération et demi « qui a tout bousillé » n’a pas eu trop le choix, en d’autres mots, elle n’a pas décidé.
Mais bref, certains progrès ne sont pas des progrès pour tout le monde, d’autres sont dévoyés, d’autres sont de la pure et simple intoxication. Bref, il n’y a pas de progrès en soi, ou rarement.

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les bibliothèques vendent parfois leurs livres en trop

Oui mais pas au prix, sachant que sauf cas très particuliert, elles ne sont pas sensées faire de bénéfice, mais l’argent ainsi récupéré sert à acheter d’autres livres.
Malheureusement, il y a des élus (de droite principalement) qui prônent la disparition progressive des bibliothèques du fait du numérique.

je constate, je témoigne et je suis foncièrement pessimiste de raison. Sans doute plus rationnel que mes moyens le permettent. Mais je suis très ambivalent, et optimiste de désir, de rêves, voire de projets et d’action. Bien que pour l’action et notamment l’action collective sont de plus en plus au dessus de mes moyens.
Si vous me lisez (et surtout si je vous lis) c’est que je ne regrette pas les progrès techniques et y met une part peut-être excessive de «servitude volontaire».
C’est aussi parce que je trouve ici plus qu’une communauté généreuse d’ entr’aide, mais aussi des possibilités de débats, parfois passionnés, parfois même dérapants… mais aussi encore quelques esprits critiques, et même une écriture du français aussi rigoureuse que, j’imagine, l’exige la programmation. Sa clarté, ses subtilités sont aussi efficaces qu’agréables.
Évidemment, ça ne remplace pas la lecture!

Pour revenir au pessimisme désespérant et à l’optimisme, il est nécessaire de voir la réalité comme elle est, si on ne veut pas en être passivement victime, avec la sinistre répétition des erreurs humaines constantes.
Mon âge ne fait évidemment pas de moi un historien, mais un simple témoin vivant d’une époque, un point de vue parmi une myriade d’autres qui s’expriment ou non ailleurs.
La dégradation du français par une novlangue, grandement inspirée par le globish, est rarement justifiée par une nécessité, un progrès humain, mais bien plutôt par l’ignorance du vocabulaire français. La novlangue à laquelle j’ai du résister dans ma jeunesse était un lacanisme, avec le même point commun de prétendre à n’être compris qu’entre soi, des sois qui s’auto-désignent l’élite.

Le classement des élèves français au dernier rang (ou presque) des mathématiques dans le pays qui compte le plus de médailles Field, comme la dégradation massive du français (on le voit aussi souvent ici, même s’il semble parfois que l’auteur n’a pas le français pour langue maternelle).
Mais au delà de cette perte d’une école primaire heureuse (notamment pour les enseignants) et efficace, il ne suffit pas d’ espérer par le maintient d’une «élite».

Je ne parlerai pas de toutes les grandes écoles, mais d’une seule, démonstrative: l’ ENA, modifiée en surface par le président Macaron.

Il y a déjà plus de 6 ans, je crois, sa directrice énonçait dans son très officiel rapport annuel quelque-chose comme ce qui suit:
Les élèves à l’entrée comme à la sortie sont brillants, mais, il ne sont capables ni d’esprit critique, ni d’initiative.

L’esprit critique, c’est sans doute ce qui fait encore la différence la plus intéressante entre la soit-disant «intelligence» artificielle, et l’intelligence humaine. Mais il faut de l’information pour exercer cet esprit critique, ce qu’on peut, optimiste, espérer de la mal nommée intelligence artificielle.

Quant aux capacités d’initiative, l’ IA semble avoir déjà dépassé celles de nos «élites»!
Et je doute que les status de pouvoir (politiques, financiers etc.) soit les meilleures conditions pour réaliser après 25 ans ce qui a résisté aux âges encore habituellement les plus plastiques, ceux des études.

Cédric Villani compare l’enseignement des mathématiques en France, actuellement, à celle de la musique qui se farait sans jamais en écouter ni en jouer, tant son caractère ludique et affectif était inconnu, sinon interdit:
Le recteur d’académie de Reims avait refusé à certains profs de math, leurs demandes de participation au salon des jeux mathématiques, alors récemment promu par le ministère de l’éducation nationale, sous prétexte qu’«ils n’étaient pas payés pour jouer avec les élèves»
Pour en revenir au plus haut niveau des responsabilités politiques, on se souvient du propos d’ Emmanuel Walls, alors 1er ministre, dans le cadre du combat contre le terrorisme islamique qui affirmait doctement, très officiellement que «comprendre, c’est déjà pardonner!»

En conclusion, j’espère que mes évocations pessimistes continueront à permettre vos expressions d’optimismes, qu’heureusement je rencontre également. C’est bien pourquoi j’espère vivre encore le plus (et le mieux possible)

Un dernier détail, il faudrait plus d’humour. Malheureusement je sais d’expérience qu’il faut bien connaître ses interlocuteurs (on peut rire de tout, mais pas avec tout le monde), ce que ne permet pas un débat public sur internet.
Même les plus grand humoristes, ce que je ne suis pas, ont régulièrement des réactions inattendues (je me souvient de l’accusation de racisme attribué à Guy Bedos, alors que son sketch caricaturait le racisme !)
On le voit aussi ici, où même le second degré expose au malentendu!

Comment l’écrit fait facilement perdre son esprit positif «j’achète rarement dans une bibliothèque», ou plutôt, comment il est plus facile de sous-estimer l’esprit des autres, ce qui tend à remplacer l’esprit critique par un esprit de critique.
Ceci est profondément humain, et l’écriture en «réseau social» demande sans doute à réinventer des éléments de style, ou des précautions oratoires (encore que, je me souviens avoir mis en exergue «humour» avant d’écrire, et que quelqu’un m’avait lourdement chargé en oubliant le contexte d’humour pourtant lourdement affiché!

Pour la plongée, c’est trop tard, pour le reste ce sont de bons conseils, merci

(Les bons conseils, ceux que l’on suit, sont ceux que l’on se donne mais que l’on attend d’un autre pour s’y mettre!)

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Dans ton exemple, c’était surtout des contradicteurs avec un faible contingent intellectuel. :slight_smile:

Le mien est en pleine dégringolade, mais je résiste… avec votre aide.

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Ce sujet semble confirmer mon sentiment; plus de précipitation que d’anticipation (la loi féroce de la compétition pour la vie, loi de la jungle)

Il y a longtemps qu’on constate l’absence de véritable vision politique dominante pour l’avenir* («gouverner, c’est prévoir; ne rien prévoir, c’est courir à sa perte» E. de Girardin).

Ce style de comportement atteint même les sphères où la rigueur de l’esprit (avec souplesse… aujourd’hui rigueur devient un gros mot signifiant raideur et douleur!), comme certains hommes de sciences, plus du fait de leur statut que de leur pratique réelle.

Ça a certainement à voir avec la liberté et la régression de son concept passé (dépassé ?)

Effectivement, on choisit souvent Debian pour sa charte qui sous-entend ce sérieux, cette liberté qui sait s’abstraire des pressions environnantes, et qui a (avait?) cette réputation d’excellence.

  • pour revenir à l’optimisme, le verre à moitié plein, espérons que la conscience écologique de plus en plus répandue urgente finira par mettre à mal cette vision immature, d’enfants gâtés et égoïstes qui domine actuellement .
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