[quote=“junichiro”]http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2009/02/Meuretbaisseperfscolaires.aspx
Et on ne parle même pas des élites. Quand on passe de De Gaulle à Sarko, de Mauriac et Sartre à Bruckner et Finkelkraut, etc.
Personnellement, j’ai affaire tous les jours à des usagers de tout niveau et je te garantis qu’il y a à peine plus de 10 ans le niveau des questions posées et la compréhension des réponses données étaient bien supérieur à ce qu’il est maintenant.
Est-ce dû au fait que les syndicats sont moins implantés dans les entreprises, que les anciens expliquent moins (où que les nouveaux en ont rien à foutre!) les ficelles et le ba,ba des relations du travail, je n’en sais rien.
Regarde le film “Grand soir et petits matins” de William Klein et compare les discours d’étudiants, de prolos à ceux de maintenant. C’est accablant!
Sur les forums, il devient de plus en plus difficile de polémiquer car avant de sortir l’épée il faudrait corriger les erreurs et inexactitudes de l’adversaire.
Comment des personnes en telle ou telles années de fac peuvent écrire le charabia qu’on lit à gauche et à droite?[/quote]
C’est compliqué comme question, comme je te l’ai dit les plaintes sur le niveau des étudiants sont aussi vieilles que l’enseignement lui même ce qui n’est pas un argument en soi mains incite à être prudent. Il y a deux choses à regarder dans un tel jugement: le juge et le jugé.
Le juge est en général une personne éduquée il y a 30ans regardant une personne éduquée maintenant. Ses critères ne sont pas les mêmes accordant de l’importance à ce qui n’en a pas pour le jugé. Ainsi l’orthographe n’a plus d’importance pour les étudiants actuels mais aussi le gout du mot juste par exemple ce qui est plus ennuyeux à mes yeux. Il faut noter que l’inverse est vraie, il est certain que l’incapacité à émettre un jugement rapide, le manque d’imagination et de «bagou» sont plus mal perçu maintenant qu’avant et les étudiants doivent nous trouver faibles de ce point de vue.
Par ailleurs, il est évidemment idiot de croire que la génération actuelle serait plus stupide que les précédentes.
Il faut donc plutôt regarder quels sont les changements marquants tout en sachant que juger de leur importance est quasi impossible, on peut juste juger de l’importance de ces changements pour nous mais certainement pas dans l’absolu; il est probable que des générations auraient porté un jugement peu flatteur sur nous juste parce que leurs critères seraient différents.
Les changements constatés sur la génération actuelle sont assez importants. Le premier -et ça n’est pas le moindre- est que les études sont devenues une contrainte et pas un désir, en 1980, les chances de trouver du travail diminuaient si on avait le BAC, inutile de dire ce qu’il en est maintenant. Du coup le rapport aux études, au savoir, à la connaissance a radicalement changé. C’est particulièrement vrai en France où 2 élèves sur 3 n’aiment pas aller au lycée. L’intérêt pour les activités purement scolaires a nettement baissé, en clair les élèves se sentent obligés et donc bossent à reculons. Cela peut expliquer la baisse de niveau dans les domaines peu gratifiants (calcul, orthographe, activité de mémoire pure, …). On peut y rajouter la dispersion imposée par ma société actuelle, parce qu’on demande à l"«école» d’éduquer dans des domaines de plus en plus nombreux (plusieurs langues, code de la route, arts divers, civisme, usage d’ordinateurs et même sexualité), le temps consacré à chacun des domaines ne peut que diminuer et donc les compétences dans les domaines classiques s’amoindrissent au profit d’autres compétences a priori inutiles à nos yeux. Enfin il y a une désaffection pour les sciences due sans doute à l’existence de filières nettement plus rémunératrices et à la prise de conscience des mauvais cotés de la technologie (nucléaire, effet de serre, etc), les lettres ne bénéficient pas de cette désaffection, simplement les élèves s’intéressent moins aux études.
On peut tout de même s’inquiéter de certaines évolutions. Depuis 1 à 2 siècles, l’éducation à consisté à faire manipuler aux élèves des concepts de plus en plus abstraits dans des domaines variés (un temps c’était les lettres et la philosophie puis, explosion technologique aidant, ça a été les sciences particulièrement les maths, ou encore le droit (USA)). Le point commun était de privilégier le fond (rigueur des raisonnements, du discours (le mot juste)) sur la connaissance elle même (en clair une tête bien faite plutôt que bien pleine) avec des manipulations de concepts de plus en plus abstraits au fur et à mesure des progrès. En multipliant les domaines, et en écoutant une mode hostile aux disciplines sans application pratique visible immédiate (Philo, Maths, …), on inverse ce point de vue et on cherche à fabriquer des étudiants ayant appris un savoir immédiatement exploitable sans se préoccuper de la réelle compréhension de ce savoir. Le résultat est que une fois le dit savoir parti (au bout de quelques années pour ce qui n’est pas quotidiennement utilisé), il ne reste plus grand chose et pas de réelles capacités pour acquérir seul de nouvelles connaissances.
On peut au contraire se réjouir d’autres évolutions, par exemple l’accès massif aux études supérieures. En 1975, à peine 20% d’une classe d’age atteignait le BAC et étudier dans le supérieur (i.e après le Bac) était réservé à une élite. Aujourd’hui, c’est 65% qui ont le Bac (ça stagne depuis 1995) et le nombre d’étudiants a doublé. On peut après juger cela comme une baisse générale du niveau des diplomes (point de vue pessimiste) ou bien y voir tout de même une augmentation globale du niveau d’une génération. La vérité est sans doute entre les deux.
Quelle que soit l’opinion qu’on peut avoir, la fonder uniquement sur une orthographe vacillante, une baisse dans un domaine précis est à mon avis très réducteur et méprisant pour les étudiants actuels, ce que j’ai du mal à admettre.
PS: J’aime bcp le café pédagogique. Je te suggère de t’y abonner si tu t’intéresses à ces sujets.