Hum! Tout à l’heure, je devais aller vite, et en fait je ne voulais pas vraiment assimiler information et informatique. Je voulais parler de la différence qu’il y a entre les contenus des informations (datas) et la mise en série de celles-ci (fonctions). Quand on ramène tout à la catégorie d’information, en fait quand on assimile connaissance et information, il me semble qu’on y fait pas attention. En gros, la question ça serait: la logique de liaison des informations est elle également une information ?
Je ne le crois pas, mais je n’ai pas de réponse réelle à cette question. En terme de transmission la réponse pourrait être oui: si on transmet par exemple le principe de non contradiction à quelqu’un (une chose ne peut pas être une chose et son contraire dans le même temps et sous le même rapport), on lui donne une information sur la structure du réel, c’est-à-dire qu’on modifie ses manières de penser et d’agir par le biais de symboles ou de représentations (linguistiques), où l’on anticipe qu’il est capable de les assimiler (tout à fait en passant, le zen se passe justement du principe de non contradiction, ou plutôt de la nécessité de son respect).
Le problème que j’ai (mais je ne suis pas le seul !), c’est au niveau de la construction logique des informations qu’il se trouve. On peut le poser au niveau de la formation des atomes d’information, des informations en termes de contenu. D’où vient ce contenu ? Est il vraiment évident, avant qu’ensuite on le mette en série pour en faire (parfois) tout et n’importe quoi ? C’est tout le problème de l’induction, de l’abstraction qui nous permet de formuler et de transmettre une information. Je vois par exemple une table, j’ai une info, il y a une table. Ca paraît évident, c’est la base. Pourtant, est ce que mon concept (la signification), la signification table est de la même nature que la table ? Oui, c’est ce qui fait que mon concept est une info, non parce qu’un concept n’est pas une table. Pour les matheux, c’est le paradoxe des classes de Russel: l’ensemble des nombres naturels qui permet de penser les nombres naturels comme tels n’est pas un nombre naturel (un catalogue de bibliothèque ne se contient pas lui même comme référence). Bref, je pense qu’il y a autre chose que de l’information qui nous permet de les constituer (qu’on appelle cela du perceptif, de l’affectif, du politique, du vital…), et que l’on y fait pas assez attention lorsque précisément on parle directement d’information: on part de résultats en ignorant le processus qui mène à eux.
Là où ce genre de truc peut être relié à l’informatique, c’est au niveau de la notion de bruit en théorie de l’information. On dit qu’une information perd de sa pertinence voire de sa compréhensibilité si elle est transmise dans un flux d’informations disparates. L’ennemi d’une bonne réception d’information, c’est la diversité des informations. Oui, mais le but de celui qui émet une information, c’est aussi qu’elle soit reçue, et qu’elle produise des effets, c’est-à-dire qu’elle soit mémorisée. Une information est un mot d’ordre, qui réussit quand il occupe seul le terrain, et qu’il est répété par tout le monde, par exemple sur un champ de bataille. Et en ce sens, l’ennemi de l’information, ce n’est pas le bruit, mais le silence: tout simplement la non transmission, la non répétition. C’est évident, mais ce n’est pas suffisamment relevé tant qu’on reste dans la logique toute donnée de “l’informationnel”, que l’informatique concourt à imposer: parce que ça montre que l’existence, la vie, et les flux d’informations ne sont pas forcément liés.
Je sens d’ailleurs qu’il est temps que je me taise avec mes spaghettis, à mille lieues du sujet de départ !
Stef