Je sors en ce moment de l’écosystème propriétaire, dans lequel j’ai baigné toute ma vie (j’ai 49 ans). J’ai bien utilisé, de-ci de-là, quelques logiciels dits « Open Source », parce que c’était gratuit, ben oui… Free (gratuit) mais pas forcément free (libre), ce n’est pas à vous que je vais jouer cette musique.
Quand j’ai eu mon ras le bol (cf. ma présentation), je me suis orienté tout naturellement vers Linux, qui incarnait vraiment pour moi la liberté. Imaginez-vous plongé dans une pièce obscure : tout ce qui apparait dans la lumière qui vient de la porte entrebâillée, brille d’un même éclat, vous êtes ébloui. Et quand finalement vous sortez de la pièce et que vous vous habituez à la lumière, enfin vous apercevez des teintes, des nuances, insoupçonnées jusqu’alors.
J’en suis là de ma conversion vers le logiciel libre. J’ai choisi Debian car j’ai été scotché par la philosophie. Si je la synthétise en gros, c’est un groupe de gens résolus à proposer quelque chose que personne ne pourra leur prendre. Ils offrent toutes les briques d’un OS que chacun pourra à sa guise transformer, et tolèrent que pour des raisons de compatibilité, quelques blobs propriétaires soient inclus dans le bouzin pour que l’ordinateur tourne correctement. La finalité me semble très louable, pour moi qui viens d’un monde 100% propriétaire.
Et maintenant, en me documentant à droite et à gauche, je vois que certains dénigrent cette tournure qu’a prise Debian, je vois qu’il n’est pas considéré par la FSF comme un logiciel libre, je vois que même le noyau Linux contient des blobs, et que finalement, des gens se sentent investis d’une mission de déblobifier tout ça. Un noyau Linux libre est développé, des distributions reprennent Debian en enlevant tous les codes propriétaires.
En lisant tout ça, je me pose la question de savoir où est la frontière entre « en faire suffisamment » et « en faire trop ». Je ne sais quoi penser. Esprit de liberté vs. pureté absolue. Déjà, le simple fait qu’une distro comme Debian soit développée par une communauté d’individus désintéressés, est une garantie énorme de liberté. Chacun peut y participer, soit en donnant son temps, soit en faisant des dons, de la pub… La liberté, quoi.
Et puis, je me surprends à me poser des questions du genre : vaut-il mieux la situation actuelle, avec le projet Debian en amont, et en aval les projets qui déblobifient ? Ou vaudrait-il mieux l’inverse ? Un Debian 100% pur libre, et des forks qui remettent un peu de propriétaire pour ceux qui ont du hardware incompatible ? Apparemment la communauté a voté pour la première solution. Une des forces de Debian, c’est sa taille et son organisation (too big to fail ?), la distro perdure là où des forks 100% libres se sont arrêtés (gNewSense et peut-être d’autres ?)
Mais dans tout ça, je me sens perdu, je ne sais quoi penser. Je n’ai pas tout l’historique, je manque de repères car je suis encore dans l’éblouissement de sortir de Windows, et c’est pour ça que je voulais vous poser la question à vous, les Grands Anciens comme dirait Lovecraft
. Que pensez-vous de tout ça ? Soyez bavards, je trouve ce sujet intéressant !

